Plus de 500 000 ans d’histoire

Le blason de Pia

blason_piaDans le fascicule (Revue Terra Nostra n° 6 – 1972), l’Abbé Cazes nous livre l’Armorial des familles patronymiques des « Terres Catalanes de França », c’est-à-dire celles qui tirent leur nom du nom même de nos villages pour en avoir été les seigneurs, les baillis, les châtelains ou pour tout autre motif.

A la rubrique de PIA, ces armes sont données avec les indications suivantes :

Les armes de PIA sont de gueule à la bande d’or accompagnée de deux pieds de céleri arrachés.

Ces armes sont données par l’Armorial de Pere Costa qui situe cette famille en Roussillon.

Il s’agit d’armes parlantes, le céleri se nommant « apit » en catalan, allusion à l’ancienne Graphie d’Apià.

Le nom du village

Le nom de Pia vient du latin « Appia ». La première mention du lieu apparaît vers le Xe siècle sous le vocable Villa Appiano. Puis, au XIVe siècle, sous le nom Apià ; ce n’est qu’au XVIIesiècle que l’on trouve le nom actuel de Pià.

L’étymologie du village proviendrait d’une ancienne propriété romaine ayant appartenu à un certain Appius originaire de la ville d’Appia en Phrygie.

Les origines

Le site de Pia a été habité depuis l’aube de l’Humanité. En effet, des pierres taillées datées de moins de
500 000 ans ont été retrouvées sur les terrasses de la Llabanère, rivière qui passe entre Rivesaltes et Pia. De même qu’il a été retrouvé un sol en “opus spicatum” dans la cave d’une maisons située au coeur du village, vers l’église, sol fréquemment employé par les romains.

Mais c’est plus tardivement que l’on peut retrouver l’origine du village de Pia.

La conquête romaine met en culture la plaine du Roussillon. De grandes exploitations, les « villae », jalonnent le territoire en organisant la vie agricole. Elles furent très souvent à l’origine de la naissance des villages, en structurant après la chute de l’empire, en 476, les territoires au bas moyen âge.

Le Moyen Age

La première mention du village apparaît dans un écrit le 14 juillet 901 : Leudovi, ex-vicomte de Narbonne et son épouse Arsende, vendent leurs propriétés mais se réservent les bénéfices (impôts divers) de la ville de Pia. En 925, Arsende, devenue veuve, et ses fils, vendent tous les droits détenus sur la ville à l’évêque d’Elne. Le nouveau propriétaire va enrichir avec le temps le nombre de ses propriétés sur Pia, notamment grâce aux donations des comtes Gausfred 1er de Rosselló i Empúries et son fils Gilabert, qui la dotent de vignobles mais aussi de l’église Saint-Cyr (Sant-Quirc), en 991.

Du XIe au XIIIe siècle, la seigneurie de Pia est détenue par une famille portant le nom du village. C’est à cette époque que Pia est fortifiée : la ville est ceinturée d’un corset de murailles, lui conférant un plan pratiquement circulaire. A l’intérieur de ces remparts se trouvent l’église, le château et les habitations. Il ne reste que de rares éléments de cette période : quelques fragments de murs, de portes, et des bases de tours circulaires. En 1205, Arnaud de Salses affranchit les habitants de Pia de certains impôts et corvées. Ses descendants lèguent la seigneurie à l’Archevêché de Narbonne qui la garde jusqu’en 1569. Le XIVe siècle est marqué par l’épidémie de 1348 ainsi que les conflits entre français et aragonais.

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L’Eglise Saint-Michel de Pia

On trouve la première mention connue de cette église dans un document daté de l’année 1338.

A cette époque, Guillaume d’Alénya, de Pià, lègue de quoi faire brûler une lampe dans l’église Saint-Michel de Pià. (Alart : Cart MS IV. 557). Cette église était située extra muros (ibid XXVI. 589).

La tradition orale situe l’emplacement de cette église sur celui de l’actuelle poste. (Pont Saint-Michel, rue Saint-Michel).

Du XVIe au XVIIIe siècle

Depuis le XVIesiècle, la guerre entre la France et l’Espagne n’a pratiquement jamais cessé. La Salanque, zone frontalière et porte d’entrée du Roussillon, est particulièrement exposée.

Les armées ravagent les cultures, pillent les villages qui sont pratiquement tous dévastés en 1642 et 1646. Les épidémies et les disettes affaiblissent les populations. En 1659, le Traité des Pyrénées met fin à cette guerre et fait du Roussillon une nouvelle province française ; la seigneurie de Pia passe de main en main. Vendue par l’Archevêque de Narbonne d’Este à Bertrand Joli, bourgeois de Perpignan, elle devient au début du XVIIIe siècle propriété de la famille d’Oms de Calmeilles. Elle sera transmise par mariage aux Delpas qui la conserveront jusqu’à la Révolution. L’entrée dans le XVIIIe siècle se fait difficilement, il faut accepter une nouvelle identité et la situation économique est très difficile. Pia présente alors le profil d’un village blotti entre ses murailles auxquelles s’adossent les jardins potagers, plus loin les vignes et les pâturages pour le bétail. Au lendemain de la Révolution, la commune compte un maître d’école, un secrétaire-greffier, un receveur de la contribution foncière et deux gardes-champêtres, signes d’une certaine prospérité.

La ville dotée d’un hôpital « Hôpital des sans culottes de Pia », accueille en 1793, lors de la bataille de Peyrestortes, des soldats. La Révolution sème les germes d’une culture républicaine qui s’épanouira au siècle suivant.

Le XIXe siècle

Pia est un village agricole qui se suffit à lui-même. A partir de 1850, le domaine agricole de la commune se partage entre les terres labourables, les prairies et la vigne. La viticulture va progressivement étendre son domaine pour devenir à la fin du XIXème siècle, la principale ressource économique. Suite à la crise du phylloxera en 1886, est créé à Pia le tout premier syndicat antiphylloxerique. Le village se divise alors en sept quartiers et hameaux comprenant 1492 habitants en 1851. Il compte deux moulins : l’un à blé, l’autre à huile. Toutes les professions sont représentées. Un événement défraye la chronique dans les années 1870, c’est « l’affaire de Pia », véritable scandale.

Le contexte est celui des différentes révolutions qui jalonnent le XIXe siècle.

Les passions politiques étaient en ce temps très vives, elles conduiront républicains et conservateurs au meurtre. Un procès long et douloureux mettra fin à cette affaire qui est retracée dans les journaux de l’époque.

D’où vient le mot « Salanque »
La Salanque tire son nom d’un mot latin signifiant « les terres salées ». Au Moyen Age, le mot Salanca désignait les sols marécageux d’origine méditerranéenne qui y pullulaient.

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Ce n’est qu’à partir du XVIe siècle que cette appellation deviendra un déterminant très précis désignant la portion du Nord du Roussillon correspondant à un territoire présentant les mêmes caractéristiques géologiques, climatiques et agricoles.